Du Plan Montagne, en passant par la réactivation du Comité de Massif ou encore à la reconnaissance du statut d’île-montagne pour la Corse, ces évolutions récentes marquent la volonté de lutter contre la spirale infernale de la désertification de l’intérieur. Forcément, la situation est alarmante : fermeture des écoles et des services publics, baisse du nombre des agriculteurs, des commerces et des entreprises. Désordre foncier, divagation animale et volets fermés les trois quarts de l’année… voilà, à quoi beaucoup de villages ressemblent. Et ce malgré la volonté tenace de nombreux élus locaux, d’associations ou de volontés individuelles qui donnent tout pour sauver leur commune. En transformant des ruines en logements communaux, en relançant des foyers ruraux, des activités agricoles ou des commerces de proximité, en organisant des évènements… Tous ces gens œuvrent souvent dans l’ombre pour que l’intérieur ne meure pas, pour qu’il soit encore un peu le reflet de ce à quoi nous sommes tant attachés : notre identité. Car c’est là que tout a commencé. Souvent idéalisé, berceau de bien des fantasmes, paradis perdu… Nous savons au fond que sauver la montagne, c’est un peu nous sauver nous-même.
Beaucoup d’entre nous, bien que viscéralement attachés à nos villages sommes, pour des raisons souvent pratiques (travail-scolarisation des enfants, etc…), dans l’impossibilité d’y vivre toute l’année. Ce qui nous rend aussi tous un peu responsables de ce qui arrive à notre intérieur, à notre âme. C’est notre péché originel. Nous avons abandonné les demeures de nos ancêtres pour habiter en ville ou sur le littoral, ou nous sommes tout simplement partis ailleurs, encore plus loin. Et c’est parce que nous sommes attachés au devenir de l’intérieur et que chacun de nous un jour peut-être souhaite rejoindre ceux qui font ce choix de vie, qu’il est vital de consacrer des politiques publiques spécifiques et des mesures fiscales et financières qui compensent les handicaps.
Il y a une responsabilité collective vis-à-vis de ce bien commun, à laquelle aucun acteur public ne saurait se substituer. Et ceci est d’autant plus nécessaire que cette désertification peut conduire à des dérives qui ne sont pas le reflet de ce à quoi nous voudrions que notre intérieur ressemble. Sans perspectives de développement, ces terres à l’abandon peuvent se transformer peu à peu en zone de non droit, où l’entente cordiale se fait souvent au détriment du plus faible. Nous connaissons tous des histoires de divagation parfois meurtrières, d’abus de pouvoir sur le droit de passage, de destruction de casgili, de dévastation de châtaigneraies millénaires… menaces de morts, engins et outils de travail brulés... Cette violence silencieuse voit parfois le jour, contre ceux qui entreprennent, ceux qui osent et qui bousculent l’ordre/le désordre établi ou perpétuent tout simplement des traditions. Les déclarations de surfaces parfois volontairement frauduleuses, ainsi que la fausse manne des avances de trésorerie remboursable au monde agricole participe aussi de ces dérives, transformant la terre en espace de rente toxique plutôt que de production.
Il est alors crucial de rompre cette spirale du sous-développement qui laisse bon nombre d’actifs, d’exploitants ou d’entrepreneurs de plus en plus isolés et de soutenir les initiatives et politiques publiques qui redonnent espoir et confortent les bonnes pratiques des acteurs de la montagne.
Antonia Luciani, géographe.
Beaucoup d’entre nous, bien que viscéralement attachés à nos villages sommes, pour des raisons souvent pratiques (travail-scolarisation des enfants, etc…), dans l’impossibilité d’y vivre toute l’année. Ce qui nous rend aussi tous un peu responsables de ce qui arrive à notre intérieur, à notre âme. C’est notre péché originel. Nous avons abandonné les demeures de nos ancêtres pour habiter en ville ou sur le littoral, ou nous sommes tout simplement partis ailleurs, encore plus loin. Et c’est parce que nous sommes attachés au devenir de l’intérieur et que chacun de nous un jour peut-être souhaite rejoindre ceux qui font ce choix de vie, qu’il est vital de consacrer des politiques publiques spécifiques et des mesures fiscales et financières qui compensent les handicaps.
Il y a une responsabilité collective vis-à-vis de ce bien commun, à laquelle aucun acteur public ne saurait se substituer. Et ceci est d’autant plus nécessaire que cette désertification peut conduire à des dérives qui ne sont pas le reflet de ce à quoi nous voudrions que notre intérieur ressemble. Sans perspectives de développement, ces terres à l’abandon peuvent se transformer peu à peu en zone de non droit, où l’entente cordiale se fait souvent au détriment du plus faible. Nous connaissons tous des histoires de divagation parfois meurtrières, d’abus de pouvoir sur le droit de passage, de destruction de casgili, de dévastation de châtaigneraies millénaires… menaces de morts, engins et outils de travail brulés... Cette violence silencieuse voit parfois le jour, contre ceux qui entreprennent, ceux qui osent et qui bousculent l’ordre/le désordre établi ou perpétuent tout simplement des traditions. Les déclarations de surfaces parfois volontairement frauduleuses, ainsi que la fausse manne des avances de trésorerie remboursable au monde agricole participe aussi de ces dérives, transformant la terre en espace de rente toxique plutôt que de production.
Il est alors crucial de rompre cette spirale du sous-développement qui laisse bon nombre d’actifs, d’exploitants ou d’entrepreneurs de plus en plus isolés et de soutenir les initiatives et politiques publiques qui redonnent espoir et confortent les bonnes pratiques des acteurs de la montagne.
Antonia Luciani, géographe.