« Nous sommes avertis : rien ne sera comme avant ». C’est par ces mots que se terminait notre édito du numéro précédent, le numéro 13, paru en décembre 2021.
Qui aurait pu penser l’impensable ? Qui aurait pu deviner qu’un seul évènement, à mille lieux de l’Ile, puisse mettre le feu aux poudres et réveiller vingt ans de silence, vingt ans de douleurs, vingt ans de mémoire, vingt ans finalement, d’incertitude. L’injustice elle, n’a pas changé de camp, car le Droit que l’État voudrait faire respecter, il ne le respecte pas lui-même. Tout cela n’aurait jamais dû se produire, si la justice était réellement indépendante du pouvoir politique. Car la loi aurait dû être appliquée, s’il n’y avait eu cette ‘‘vengeance d’État’’ et la volonté évidente de faire porter, encore aujourd’hui, et plus de vingt ans après, la responsabilité d’un crime, à tout un peuple qui revendique encore et toujours son émancipation. Les questions sont légitimes, elles sont même obligatoires ! Nos députés nationalistes les ont posées, mais les réponses sont à la hauteur du silence de la haute administration, évasives pour ne pas dire inconsistantes. Comment l’État peut-il encore prétendre à une unité républicaine, tout en refusant le scrutin universel qui a élu, haut la main et sans contestation possible, une majorité régionale nationaliste, à deux reprises. Encore combien de temps va-t-il falloir attendre pour que cette Vè République, qui aujourd’hui prend l’eau de toutes parts, admette une fois pour toutes que la Corse mérite à minima un statut d’autonomie ?
L’hiver s’eloigne chaque jour un peu plus. Nous avons travaillé sur d’autres projets d’édition. Ils sont nés avec le printemps, et sont promis, à l’heure où nous écrivons,à un beau succès. Le numéro 14 d’ISULA MUNTAGNA, que vous avez entre vos mains, a pris un peu de retard. La crise internationale, avec le guerre aux portes de l’Europe, s’est invitée dans notre quotidien, déjà bien assombri par les évènements politiques ainsi que par la crise sanitaire et sociale. Nous sommes dans un bouleversement économique et géopolitique mondial dont nous ressentons les effets. Le numérique nous ferait croire que tout va bien alors que nous avons subit les problèmes d’approvisionnement de papier pour imprimer ! Ce numéro, on vous le laisse découvrir, avec un dossier spécial sur l’autonomie alimentaire, sur nos races locales, sur le patrimoine rural de montagne qui demande toute notre attention. Sur nos jeunes bergers et producteurs qui, quoiqu’il arrive, sont chaque jour dans leur exploitation, qui se transforme de plus en plus en de véritables petites entreprises. Tout cela nous donne espoir, et nous donne aussi le vrai sens de la vie, le sens de l’essentiel.